Rôle magico-religieux des Coléoptères

Les Coléoptères ont trouvé très tôt place dans l'iconographie et dans un bestiaire accompagnant la construction d'une cosmogonie, d'une philosophie et d'une littérature tant orale qu'écrite ainsi que, par voie de conséquence, dans l'artisanat et le commerce. Sans entrer dans le détail, je ne citerai que quelques exemples.

Les premiers bergers égyptiens, quelques 4000 ans avant notre ère, avaient été frappés par le cycle du Scarabée sacré, par sa réapparition saisonnière après les inondations fécondantes et par son inlassable activité de rouleur de bouses, ainsi que par l'usage qu'il faisait des excréments. Le scarabée sacré a joué un rôle religieux majeur dans l'ancienne Egypte.

Ateuchus sacerAteuchus sacerAteuchus sacer

De nos jours, de nombreux peuples ont encore recours à des talismans, peut-être parfois simplement ornementaux, fabriqués avec des Coléoptères : chez les Antandroy de Madagascar, deux espèces de charançons sont amputés de leurs pattes, enfermés dans un sachet en chiffon et portés au cou. Ils portent bonheur tant qu'ils sont vivants. Les Laos portent de même un pendentif fait de l'avant-corps d'un Scarabée (Chalcosoma atlas).

Chalcosoma atlas. CAMBODGE, 1998.

Dans d'autres pays, ils peuvent entrer dans la composition des repas rituels d'initiation des jeunes garçons au Laos (Onitis), ou sont utilisés pour leurs propriétés hallucinogènes (au Brésil). On passe ainsi des usages magiques et religieux aux usages les plus domestiques et les Coléoptères deviennent même de simples ornements. L'usage est très répandu, en Amérique du Sud, de porter des pectoraux faits d'élytres brillants de Buprestes ou d'Elatérides. Les élégantes portent des Lampyrides ou des Elatérides lumineux dans leur chevelure.

Pyrophorus noctiluca